Portrait d'Artisan : Nunaa, Marie Poirier

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le 19/09/2024Artisanat

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PORTRAIT D'ARTISAN
Marie Poirier
Bijoutière

Marie est bijoutière. Elle se définit comme bijoutière contemporaine écoresponsable et commercialise ses bijoux sous le nom de Nunaa.

Ses créations miniatures poétiques et ludiques racontent de petites histoires. Chacune de ses pièces est imaginée et conçue dans son atelier en Loire-Atlantique, en métal précieux et matériaux de récupération.

Elle travaille de manière écoresponsable, en limitant l'utilisation d'acides et produits communément utilisés en bijouterie. Ses bijoux sont disponibles dans des galeries en France et à l'international, mais aussi sur son site internet et dans son atelier près de Nantes.
Découvrez ci-dessous son histoire et son métier.

Quel est votre métier ?

Je suis bijoutière contemporaine et fabrique donc essentiellement des bijoux. Colliers, bagues, boucles d'oreilles, broches ou encore bracelets, mes créations sont imaginées et conçues dans mon atelier situé entre Nantes et Pornic.

Mes créations sont fabriquées en très petite série ou en pièce unique, mais je propose également un service de création sur-mesure, et donne des cours de bijouterie enfants et adultes.

Mon univers poétique se décline à présent également en mini-globes en verre et en tableaux 3D, toujours dans cet univers ludique de la miniature.

Pourquoi avez-vous décidé de devenir bijoutière ?

Mon cœur a toujours balancé entre l'art et le soin. Lorsque les conditions de travail ont eu raison de moi à l'hôpital, j'ai quitté mon métier d'infirmière et ai entamé une formation pour adulte en bijouterie.

Le travail du métal et la minutie me parlaient beaucoup, mais grâce à l'approche contemporaine de mon école (l'AFEDAP), j'ai commencé à me questionner sur des notions philosophiques associées à la bijouterie (la portabilité, les codes, les valeurs, la notion de préciosité, etc…), et en créant ma marque, mon style, j'ai vraiment trouvé ma voie (voix).

Où puisez-vous votre inspiration ?
J'ai la chance d'être très imaginative. Comme mes bijoux sont de petites histoires, je les conçois en fonction de mes plaisirs, lubies, envies ou réflexions du moment. J'aime énormément voyager et puise également mon inspiration dans mes périples à travers le monde, au même titre que certaines techniques que j'y apprends lors de stages improvisés. Et bien évidemment, je m'inspire également beaucoup de la nature.

A qui sont destinés vos produits ?

A tout le monde, petits et grands, hommes et femmes qui aiment le ludique et le poétique. Mon plus jeune client était un petit garçon de 2 ans et demi à l'époque (un bracelet avec un animal sur mesure), et ma cliente la plus âgée avait un peu plus de 90 ans !

En quelques mots, comment fabrique t-on un bijou ?

Avant toute chose, il y a l'imagination, la réflexion. Le croquis, ou l'étude de faisabilité. Une fois que c'est fait, on s'attaque à la fabrication.

Pour fabriquer une bague par exemple, j'utilise souvent un mélange de techniques.

La première est la technique de fonte à cire perdue (FCP) :

Je réalise un objet en cire en le sculptant, ou je fais un moulage.
L'objet est inséré dans une matrice en plâtre pour en conserver l'empreinte, puis fondu.
La cire s'écoule et laisse alors une forme vide, qui sera comblée par un apport de métal (souvent en argent 925 dans mes créations).
Après refroidissement, on obtient un petit objet en métal, qu'on doit ensuite limer, émeriser, nettoyer.

La deuxième technique que j'utilise est plus traditionnelle :

Je prends un morceau d'argent que je viens passer dans une « filière » pour lui donner la forme du fil que je souhaite. Je dois travailler le métal régulièrement au chalumeau pour qu'il conserve ses propriétés.
Une fois le fil mis en forme, je découpe la longueur nécessaire et forme l'anneau à la pince.
Je brase (soude) au chalumeau les 2 extrémités et donne sa forme définitive à l'anneau à l'aide d'un marteau, autour de ce qu'on appelle un triboulet.
Je lime, émerise, puis viens ensuite braser le petit objet en métal que j'avais réalisé précédemment.
Si je dois sertir une pierre, c'est également à ce moment-là que je viens braser le serti (ce qui tiendra la pierre). J'émerise de nouveau le tout, je fais le polissage puis je nettoie la pièce. Pour finir, je viens insérer la pierre finale et j'effectue le sertissage.
Et enfin dernière étape mais non des moindres : baptiser la création.

Quelle est l'étape la plus importante ou la plus délicate ?
Cela dépend des créations, mais je dirais que l'étape la plus délicate est le sertissage, car chaque pierre possède ses propres particularités et fragilités, il faut composer avec. Quant à la plus importante, difficile à dire, elles le sont toutes !

Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait se lancer comme bijoutier ou joaillier ?
N'écoute pas ce que te disent les autres, n'écoute que ton coeur. Et s'il te crie ou te murmure simplement de le faire, fais-le ! Sache que ce ne sera pas facile, que tu auras des moments de doute, mais c'est une vraie aventure, alors ne t'en prive pas.

Avez-vous une citation ou une phrase qui reflète votre philosophie et vous motive au quotidien ?
J'adore cette citation de Bouddha, c'est un peu mon mantra :
Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était et aie confiance en ce qui sera.

Quelles sont les difficultés de votre métier ?

Lorsque j'ai effectué ma reconversion, cela n'a pas été vu d'un très bon oeil par mon entourage. De nombreuses personnes de mon cercle proche ne comprenaient pas que je quitte un emploi salarié pour faire une reconversion dans un milieu dans lequel je n'avais pas de réseau, pour me mettre à mon compte avec ses aléas financiers. Aujourd'hui encore, j'entends parfois des "au pire, tu as toujours ton diplôme d'infirmière". Vous n'imaginez pas comme c'est épuisant !

Maintenant, entre la baisse du pouvoir d'achat, l'augmentation du coup des matières premières, et l'arrivée en masse de sites chinois, une partie du public s'est habituée à pratiquer le fast fashion, consommer moins cher quitte à consommer plus... Pourtant, il y a un engouement pour le Made in France, mais de nombreuses personnes s'attendent à payer de l'artisanat d'art au prix d'un article chez Temu. Il y a une véritable discordance.
Les grandes chaines de bijouterie font également du tord aux artisans, en proposant régulièrement des prix cassés sur les bijoux en or par exemple, ou en tirant les prix vers le bas grâce à leur positionnement de masse.

Mais quand on est responsable de toute la chaine de production, de la conception à la vente, on ne peut pas se permettre ce genre de chose, surtout quand on sait que la plupart des créateurs ne se facturent pas leurs heures de conception !

Où peut-on acheter vos produits ?

En boutique :

Galerie Vue sur Cours, à Narbonne (5 bis Cr Mirabeau, 11100 Narbonne)
Galerie Caractère, à Neuchâtel en Suisse (1 rue des terreaux, Neuchâtel - Suisse)
Galerie Ka, à Chartres (19 Cloître Notre Dame, 28000 Chartres)
Galerie Séraphine, à Chateaubriant (1 Pl. Saint-Nicolas, 44110 Châteaubriant)

Sur internet :

www.nunaa.fr

Atelier boutique à Chaumes en Retz
Téléphone : 06 85 22 04 61

Instagram : nunaa_jewelry
Facebook : Nunaa