La permaculture : comment ça marche ?Emiliele 02/03/2020Jardinage au Naturel 23 571 vues La permaculture, on en parle beaucoup depuis quelques années. Mais à quoi se rapporte ce terme exactement ? Suivez le guide pour comprendre ce qu'est la permaculture et comment démarrer, que vous habitiez en ville ou à la campagne. Origine de la permacultureLe mot permaculture est la contraction de deux mots anglais : "permanent" et "agriculture". Ces termes ont été employés pour la première fois en 1910 par un agronome américain, Cyril G. Hopkins, dans son livre Soil Fertility and Permanent Agriculture. Cette expression signifie que l'on utilise des méthodes de culture permettant à la terre de conserver sa fertilité sans avoir recours à des intrants. Le terme "permaculture" a quant à lui été utilisé pour la première fois en 1978 dans le livre Permaculture One de Bill Mollison et David Holmgren. Ce concept vise à ce que l'homme s'intègre dans son environnement avec harmonie, c'est-à-dire en respectant le fonctionnement naturel de l'écosystème. Il doit pouvoir obtenir la nourriture, le logement, l'énergie et le matériel nécessaires à sa survie, sans détruire la nature qui l'entoure. Auparavant centrée sur l'agriculture uniquement, la permaculture est dorénavant fondée sur 3 thèmes :
Il s'agit donc d'un concept systémique, visant à mettre en place un système durable. Il est difficile de donner une définition précise de la permaculture, mais on peut dire que la permaculture cherche à créer des écosystèmes en accord avec la nature et la biodiversité. Les 12 principes de la permacultureDavid Holmgren, l'un des co-fondateurs de la permaculture, a énoncé 12 principes qui la régissent :
Ces principes ont été donnés du plus important au moins important. Ils servent de socle de base sur lequel s'appuyer lorsqu'on veut analyser et concevoir un jardin potager en permaculture. Comment commencer un jardin en permaculture ?Dans ce guide, nous nous focalisons surtout sur la dimension conceptuelle de la permaculture, plus que sur sa dimension philosophique. Nous allons donc voir comment commencer à cultiver en permaculture. Pour bien débuter, armez-vous de patience, d'une feuille et d'un crayon. Division du jardin en zonesAvant de vous lancer, vous devez d'abord penser à l'organisation de votre jardin. La permaculture fonctionne sur un système de zones, sachant que plus un élément est utilisé souvent et nécessite de l'attention, plus il doit être placé dans une zone proche de la maison. La maison est considérée comme la zone 0, au centre du système.
Ces zones sont à adapter en fonction de la superficie de votre jardin et de sa disposition. La plupart du temps, vous ne pourrez pas établir de zones 4 et 5 car elles nécessitent d'avoir un jardin d'au moins 700m2. Établissez des allées pratiques pour vous rendre sur les zones 1 et 2, car vous allez souvent vous y rendre. Si des allées sont déjà présentes dans votre jardin, faites en sorte que vos deux premières zones les bordent. Choix des éléments de permacultureUne fois votre jardin découpé en zones, vous allez choisir quels éléments de permaculture y installer. Reportez d'abord sur votre dessin les éléments déjà présents que vous souhaitez conserver (arbres, construction) ou que vous ne pouvez pas déplacer (allées, puits). Tracez ensuite vos zones comme vu précédemment. Vient ensuite le choix des éléments de permaculture que vous allez y placer. Voici quelques idées de ce que l'on peut trouver sur chaque zone :
Lorsque vous choisissez ces éléments, vous devez être sûr qu'ils fonctionneront bien ensemble avec le temps. Par exemple, les arbres grandissent et leur ombre avec eux. Les plantes sensibles au soleil seront donc ravis d'être abritées, mais les plantes ayant besoin de plus de luminosité pourraient en pâtir. Le design en permaculture est très important. N'hésitez pas à produire plusieurs dessins de votre jardin avant d'arrêter votre choix et de vous lancer. Vous obtiendrez ainsi de bons résultats beaucoup plus rapidement que si vous êtes obligé de recommencer. Choix des plantes, fruits et légumes à cultiverEn permaculture, il est important d'associer les plants pour recréer un écosystème fonctionnant avec le minimum d'intervention humaine. Pour cela, il faut choisir des plantes qui seront bénéfiques les unes pour les autres, des plantes-compagnes ou plantes-amies. Le compagnonnage de plantes a quasiment disparu avec l'agriculture intensive, mais est bien présent dans la nature et très bénéfique pour limiter l'usage d'intrants. Ces associations permettent de lutter contre les nuisibles : chaque plante protège l'autre dans un cercle vertueux. On privilégie l'association de plantes aux racines profondes avec des plantes aux racines plus courtes pour favoriser leur imbrication dans le sol. La règle de base du compagnonnage de plantes est de ne pas cultiver des plantes d'une même famille côte à côte. On évite donc de cultiver des oignons et des échalotes ensemble. De même, on évite la monoculture intensive, que ce soit pour les fruits, les légumes ou les plantes d'ornement. Cela évite la prolifération et l'acclimatation de nuisibles. On préfère donc organiser une rotation des cultures. Les plantes aromatiques sont essentielles dans la lutte contre les nuisibles. De part leur odeur, elles repoussent les ravageurs en créant une confusion olfactive. Installez donc de l'ail, des échalotes ou des oignons près de vos cultures de tomates, de choux ou de carottes. L'aneth est idéal pour protéger le concombre, tandis que le basilic défendra les poivrons et les aubergines contre les pucerons. Les plants de légumes peuvent également se protéger contre les nuisibles. Par exemple, la tomate permet de repousser la piéride du chou, la carotte repousse la teigne du poireau, le fenouil protège les salades des limaces… Associer les plantes vous permet de maximiser le rendement de vos cultures sans faire appel à des intrants, ce qui est le but de la permaculture. Préparez donc la liste des fruits et légumes que vous souhaitez cultiver, et renseignez-vous sur les bonnes associations. Calendrier des actions à réaliserUne fois votre plan défini, organisez un calendrier des actions à réaliser pour créer votre jardin de permaculture. Vous ne pourrez pas tout faire d'un seul coup, et certaines actions requièrent des conditions particulières. Par exemple, il est préférable de planter vos haies entre novembre et février. C'est l'un des premiers éléments à installer car il faut au moins 3 ans avant qu'elles ne soient assez hautes pour couper le jardin du vent et du soleil. Pour votre potager, vous devez vérifier les bons moments pour faire vos semis et mettre vos plants en terre. Vous saurez ainsi quand aménager les différents espaces du potager pour pouvoir accueillir vos cultures en temps et en heure. En organisant vos actions, vous êtes sûr de ne rien oublier et d'ajouter les éléments de permaculture au bon moment. L'organisation est primordiale pour ne pas vous laisser dépasser par vos envies. Au besoin, écrivez sur une feuille les fonctions essentielles que vous souhaitez que votre jardin remplisse. Reportez-vous à ce mémo dès que vous avez un doute. Les méthodes de culture du potagerLa plupart du temps, les personnes souhaitant se lancer dans la permaculture se concentre sur le potager, car c'est ce qui est accessible par le plus grand nombre. Nous allons donc présenter les techniques les plus courantes pour cultiver son potager de permaculture. La culture sur buttesOn pense souvent que le potager de permaculture se résume à la culture sur buttes. Evidemment, la permaculture ne se réduit pas à cette technique, néanmoins elle en est une bonne représentation. La culture sur buttes permet d'améliorer le confort du jardinier qui doit moins se baisser pour récolter ses légumes. Elle augmente la surface de culture et améliore la qualité du sol grâce à une bonne rétention de l'eau et une bonne aération de la terre. Il existe deux types de culture sur buttes :
Bien qu'on entende beaucoup parler de cette méthode, elle ne convient pas à tous les jardins. Par exemple, un jardin situé dans une zone venteuse avec une terre très sèche ne sera pas l'idéal pour cultiver en buttes, car les cultures seraient trop exposées au vent et à l'évaporation de l'eau. Il est donc nécessaire d'analyser votre jardin avant de vous lancer. Le potager en trou de serrure, Keyhole gardenIdéal pour les jardins plus petits, le potager en trou de serrure permet de cultiver des légumes grâce au compostage des déchets alimentaires (épluchures et fânes de fruits et légumes). Ce potager surélevé de 60cm environ est de forme circulaire et présente une ouverture pour pouvoir atteindre la colonne de compostage en son centre. Généralement, il mesure entre 2 et 3 mètres de diamètre. En se décomposant grâce à l'action des vers de terre et des bactéries, les déchets verts diffusent leurs nutriments aux plants. La colonne centrale est grillagée, ce qui permet aux vers de se déplacer entre le compost et la terre, afin d'apporter la matière organique et les nutriments. Les bordures du potager ne sont pas maçonnées, afin que les insectes auxiliaires puissent y pénétrer également. On peut donc créer des bordures avec des tuiles, des planches de bois, des palettes ou encore des pierres. Si vous vous trouvez dans une région plutôt sèche, il est recommandé d'installer des puits d'humidification : plantez des fagots de bois imputrescibles d'un diamètre de 3cm environ dans le potager. Ils doivent être assez longs pour toucher le fond du potager et ressortir d'au moins 20cm au-dessus du potager. Si votre région est humide, vous pourrez vous passer de ce type d'installation. Les carrés de cultureLe potager en carrés séduit bon nombre de jardiniers : il associe les bienfaits de la permaculture à un potager en hauteur, protégé des ravageurs. En effet, le carré potager présente l'avantage de pouvoir cultiver des plantes avec moins d'espace entre elles, contrairement au potager en pleine terre qui nécessite de laisser des allées entre les rangs pour récolter. Le fait de rapprocher les plantes permet de réduire la présence de mauvaises herbes et de conserver un bon taux d'humidité. Ce type de culture permet également d'avoir un potager sur des surfaces réduites, comme une terrasse ou un balcon. Ce potager est constitué d'une structure en bois ou en acier d'une hauteur variable qui limite les efforts du jardinier. Il peut être divisé en carrés plus petits pour délimiter les cultures. Pensez à associer des plantes compagnes qui bénéficieront les unes aux autres. Comme pour tout autre moyen de culture, il est recommandé de varier les légumes cultivés pour plus de rendement et pour ne pas épuiser le sol. Vous pouvez faire jusqu'à 8 rotations par an, de quoi varier les plaisirs ! Le paillageLe paillage n'est pas une technique en soi, mais il est primordiale en permaculture. Peu importe la méthode que vous choisirez, il est fortement recommandé de pailler votre sol, c'est-à-dire de le recouvrir, de ne pas le laisser nu. Le paillis, ou mulch, désigne une couche protectrice déposée à-même le sol. Cette couche permet de nourrir le sol et de favoriser la rétention d'eau, évitant ainsi l'arrosage des cultures. Les plantes sont ainsi plus fortes et plus denses, elles protègent à leur tour le sol en lui offrant de l'ombre. Au fur et à mesure des années, le sol s'enrichit et gagne en qualité. Contrairement à ce que son nom indique, le paillage n'est pas nécessairement fait de paille. Il s'agit ici d'imiter ce que l'on peut trouver dans la nature, on peut donc utiliser des matériaux variés. Vous pouvez utiliser de la tonte de pelouse non humide, des feuilles mortes, du carton ondulé non imprimé, ou encore les déchets de votre potager (mauvaises herbes, tiges, feuilles). Cette technique a plusieurs avantages :
Adopter le paillage est synonyme de culture plus forte et plus autonome. Le paillage est idéalement effectué au printemps. Installée trop tôt, cette couche de matière organique risque de ralentir le réchauffement du sol et donc de retarder voire de stopper la pousse de vos plants. Cultiver en permaculture sans jardin, c'est possible !Vous ne possédez pas de jardin, mais un balcon ? Il est tout-à-fait possible de cultiver en permaculture sans surface cultivable ! Tout comme pour la culture en jardin, armez-vous d'un papier et d'un crayon pour dessiner votre balcon et ce que vous aimeriez y faire pousser. Vous pourrez ainsi vous faire une idée de l'espace dont vous disposez et de ce qu'il est possible de faire ou non. Par sécurité, prenez en compte le poids que peut supporter votre balcon ! Il vous faudra calculer le poids de vos installations, de la terre et de l'eau qu'elles contiendront, ainsi que le poids d'une ou deux personnes. La permaculture consiste à faire pousser des plantes, des fruits et des légumes en se servant de l'existant. Cela ne change pas pour la permaculture urbaine. Privilégiez des matériaux de récupération : palettes, chutes de bois, pots trouvés en brocantes... Vous prendrez un vrai plaisir à chiner ce dont vous avez besoin et à le retaper ! Pour cultiver sur votre balcon, commencez par vérifier votre exposition au soleil et par choisir les plants qui tireront le plus profit de cette exposition. Si vous êtes exposé plein sud par exemple, privilégiez des plantes qui aiment le soleil et la chaleur comme la tomate. Au contraire, si votre balcon est plutôt ombragé, vous pourrez y planter des salades qui demandent moins d'ensoleillement. De même, vérifiez si votre balcon est exposé au vent (étage élevé, peu d'habitations élevées autour). Certaines plantes ne résistent pas au vent, elles sont trop fragiles. Il faudra alors installer des protections, ou choisir des plantes plus robustes. L'optimisation est clé lorsqu'on jardine sur un balcon ! On pense souvent à cultiver à l'horizontal, mais il est tout-à-fait possible de le faire à la verticale. Pour cela, installez des treillis pour y faire courir des plantes grimpantes comme des haricots par exemple, ou une vigne. Pensez également au sac de culture de pommes de terre, qui vous permet de les faire pousser verticalement et hors-sol. Enfin, préférez de grands bacs dans lesquels vous mélangez les espèces, que des petits pots épars. Vous allez ainsi recréer un écosystème et enrichir votre terre, tout en tirant profit de chaque centimètre de terre disponible. Pour nourrir votre potager urbain, investissez dans un composteur. Un lombricomposteur ou un bokashi pourront trouver leur place dans votre intérieur, vous permettant de composter facilement vos déchets de cuisine. Le compost obtenu apportera les nutriments essentiels à vos plants. Pourquoi ne pas opter pour un potager en bois avec composteur intégré ? Vous pourrez ainsi y composter directement vos déchets verts, et le compost viendra enrichir la terre grâce aux vers. N'oubliez pas de planter des fleurs et plants qui attirent les insectes pollinisateurs. Favorisez la biodiversité est un des principes de la permaculture. Variez donc les espèces plantées, tout en veillant à ce qu'elles soient bonnes les unes pour les autres, comme nous l'avons vu plus haut. Enfin, le paillage est tout aussi important en potager urbain qu'en jardin potager. Couvrez donc vos plantations avec de la paille, de l'herbe sèche, des feuilles mortes, les déchets de vos plantations… Cela permet de conserver une terre meuble et de la dynamiser, car une terre en potager de ville est moins nourrie qu'un potager en pleine terre. À lire aussi
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